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21 août 2006

Conte enfantin.

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BELLMER_La_Poupee

La Poupée - Hans Bellmer,  1936
©2004 Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris.


Il était une fois une petite fille, issue de deux parents qui déjà ne s'aimaient plus mais pensaient par cette naissance raccrocher quelques morceaux.

Durant ses premières années la petite fille semble plutôt joyeuse, du moins c'est ce qui apparaît sur un certain nombre de vieilles photographies jaunies. Elle bénéficiait encore à l'époque de cette tendre insouciance instinctive dont sont pourvus tous les rejetons humains à leurs débuts parmi leurs semblables.

Puis la corruption adulte s'est insidieusement, sournoisement, emparée d'elle.

Au bout de quelques années (cinq, précisément), les parents ont fatalement fini par se séparer. Et les ravages de cette séparation, ainsi que la suite des évènements, n'en finissent pas de pourrir la vie de la petite fille, depuis devenue grande.

En réalité tout était déjà perceptible à l'époque. Une observation attentive et informée eut sans aucun doute permis de limiter les dégâts. Mais pour augmenter son malheur, aucun adulte de son entourage n'a été capable de déceler les prémices de ce qui allait déclencher chez la petite fille une irrésistible et fatale dépression chronique et des troubles affectifs irréparables.

Un peu d'amour eut sans doute suffi à éviter le pire. Mais cela ne lui fut pas même accordé. La ligne de conduite éducative fut de la responsabiliser dès son plus jeune âge ; ce qui se traduisait concrètement par un laxisme quasi-total. Pas d'amour, pas de restrictions, pas de limites. La petite fille a poussé comme une mauvaise herbe.

Comment réussir à accepter sa propre existence, quand elle ne paraît pas même justifiée aux yeux de ses géniteurs ?

Comment accepter d'aimer et d'être aimé, quand on n'a jamais connu l'amour ?

A en entendre certains, il suffirait de faire définitivement table rase du passé ; partir sur de nouvelles bases. C'est une bonne idée, dans l'absolu. Mais elle est parfaitement utopique ; irréalisable. Il n'y a pas de salut, quand on entrevoit déjà ce que sera sa vie. Croire que les choses changeront est une sottise impardonnable. Bien sûr, de petites améliorations cycliques pourront être observées ; mais les possibilités d'une vie heureuse sont inatteignables.

A partir de ce constat, tout paraît dérisoire. A quoi bon se battre pour n'obtenir qu'un résultat médiocre ? Le bonheur n'est pas affaire de raisonnement, mais d'affect. Quand l'affect est à ce point déstabilisé… aucune solution viable n'est envisageable.

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