Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Don't Acte

Archives
19 juillet 2007

Amours tumultueuses.

J'adorais ma grand-mère, pourtant jusqu'à sa mort nous n'aurons jamais véritablement réussi à nous comprendre. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Nous avions manifestement beaucoup d'intérêt et d'affection l'une pour l'autre et avons tenté à maintes reprises de partager et comprendre nos sentiments et ressentiments respectifs ; mais les mots, parfois, ne suffisent pas.

Ma très chère grand-mère était un être buté, borné, rempli de certitudes nées de sa profonde et perpétuelle angoisse, frustré de son manque de culture et souffrant de n'avoir pas eu l'occasion de développer ses connaissances et son intelligence par une éducation, un environnement et une époque appropriés, allant même jusqu'à jalouser, je le sentais bien, la possibilité qui m'avait été offerte, à moi, de bénéficier de ce qu'elle n'avait pu obtenir.

Les années n'aidant pas, elle soufrait à la fin de sa vie d'un handicap physique, arthrose aux genoux, l'empêchant de sortir de chez elle par peur de se répandre lamentablement sur le bitume devant tous ces gens dont elle avait également peur du jugement. Ce qui nous a d'ailleurs valu plus d'une année d'engueulades sévères après qu'elle m'a littéralement jetée dehors lors d'un mémorable Noël en famille, parce que je lui avais gentiment suggéré de s'acheter un fauteuil roulant et de se laisser promener par mon grand-père. Fatale suggestion. Je n'avais pas vu, alors, que ce que je lui proposais là signifiait dans son esprit une totale dégringolade de son image de femme active, capable d'assumer les tâches qui lui incombaient. Elle dévalorisait elle-même sa propre image, depuis d'interminables années, et je venais par ma suggestion, pourtant remplie d'amour et de considération pour sa personne, de confirmer son propre jugement sur elle-même.

Mais cela, je ne l'ai compris que bien plus tard. Pourquoi m'étonner alors, qu'elle-même ne m'ait jamais comprise ? Parce que je l'imaginais sans doute avoir plus de jugeotte que moi. J'imaginais que son expérience ferait la différence. Et puis mes intentions étaient tellement bonnes, affectueuses, tendres et claires dans mon esprit que jamais je n'aurais pu imaginer qu'elle m'en attribue d'autres. Mais le fait était là. Je ne l'aimais pas assez, je ne me suis pas assez occupée d'elle, d'ailleurs les rares fois où je venais la voir, ce n'était que pour recevoir l'argent qu'elle m'imposait à chaque visite. Voilà. Vingt-neuf années de fréquentation pour en arriver là, à une incompréhension quasi-totale de mes motivations profondes.

Je ne sais pas encore aujourd'hui si c'est réellement moi qui, par mon comportement, ai pu faire naître dans son esprit de telles incongruités, ou si sa propre expérience de la vie l'avait conduite à échafauder des théories de protection pour éviter de souffrir davantage…

Vers le tout début du mois d'août 2003, j'ai appris tout à fait insidieusement, presque par hasard, au détour d'une conversation anodine avec ma mère, que ma grand-mère se trouvait à l'hôpital depuis bientôt deux semaines, soi-disant parce qu'elle avait encore fait une chute chez elle. A cette époque ma grand-mère et moi ne nous parlions plus du tout. Je ne l'avais pas vue depuis plus d'un an et les derniers mots échangés au téléphone étaient presque orduriers. Néanmoins je décidai d'aller la voir à l'hôpital. Lorsque je suis entrée dans sa chambre, j'ai compris instantanément, à voir son visage, qu'elle allait mourir ; et j'ai eu mal, très mal, et très peur. Elle était allongée sur son lit. Je suis allée l'embrasser. Elle était manifestement contente de me voir, comme si mon arrivée allait enfin pouvoir la libérer du calvaire qu'elle traversait. Immédiatement elle m'a dit : "sors-moi de là, fais quelque chose, j'ai déjà fait un scandale je recommencerai s'il le faut, je ne veux pas rester ici, je veux rentrer chez moi !". Je suis donc allée voir le médecin pour lui demander précisément ce qu'elle avait et si elle pouvait sortir. La réponse fut sans appel : "votre grand-mère a un cancer généralisé, de plus elle doit subir une intervention pour une occlusion intestinale, il est hors de question qu'elle sorte nous ne vous laisserons pas faire."

Que faire ? Encore une fois la responsabilité reposait sur mes frêles épaules. D'un côté ma grand-mère me disant à demi-mots mais fermement qu'elle en avait ras-le-bol de tout ce cirque de la vie et voulait mourir tranquillement chez elle, qu'on lui foute enfin la paix ! De l'autre les médecins me menaçant pratiquement de porter plainte contre moi si je commettais la folie de la faire sortir.

J'ai appelé une ambulance, et ma grand-mère est rentrée chez elle. Elle est morte paisiblement une semaine plus tard, dans son lit, auprès de son mari, à 80 ans.

Je ne regrette pas ce choix, même s'il me hante. J'allais la voir chaque jour et lui demandais chaque jour si elle était sure de sa décision. Elle avait toute sa tête et me confirmait à chaque fois que oui, c'était ce qu'elle voulait. Pendant cette ultime semaine, j'ai enfin réussi à lui dire "je t'aime", et elle m'a répondu : "moi aussi".


Publicité
25 juin 2007

Vibrations.

Flers est une petite ville de l'Orne où, a priori, à moins d'un intense moment de désoeuvrement (dont certes je suis capable, mais tout de même...), on aurait pas forcément l'idée spontanée d'aller faire une excursion.

Or, ce vendredi 22 juin, Didio et moi nous y sommes pourtant rendus, guidés par les vibrations émanant du forum de Flers, où se déroulait LE concert d'Yves Jamait.

Didier comme moi-même ne sommes pas des acharnés des sorties musicales ; pourtant, depuis quelques semaines, aller voir Jamait en concert s'imposait. Et l'un comme l'autre, nous n'avons pas regretté le déplacement !

Arrivés une demi-heure avant le début du spectacle, nous avons eu le temps de prendre la température de la salle, observant l'installation des spectateurs et les derniers préparatifs et réglages sur la scène ouverte. Nous savions le concert divisé en deux parties : un premier groupe parfaitement inconnu, "La Rouille", dont nous n'attendions rien de particulier, puis Yves Jamait, que nous étions venus entendre, certains de ne pas être déçus.

jam01

Puis les lumières s'éteignent, et les six membres du premier groupe entrent en scène. Et là, c'est la surprise. Dès les premières notes, on adore ! C'est un peu le même style musical que Jamait, avec des instruments authentiques : violon, contrebasse, guitare sèche, trompette, saxophone, accordéon... Nous sommes pris par le rythme, la voix chaude du chanteur et l'enthousiasme communicatif du violonniste qui semble entrer en transe à chaque coup d'archet. J'ai même versé ma petite larme de bonheur total au dernier morceau instrumental (cliquer sur le lien pour écouter, nécessite RealPlayer), un pur chef d'oeuvre de changements de rythme et de montée en puissance, dominé par une ligne mélodique forte et envoutante.

jam02 jam03

Le flot d'émotion est difficilement descriptible... C'est généralement ce qui se produit quand on arrive dans un endroit où il se passe quelque chose à quoi on ne s'attendait pas. La dernière fois que j'ai ressenti ce genre d'émotion remonte à plusieurs années (dix environ), lorsque j'étais allée faire un tour à Salzbourg avec mon père, et que nous sommes tombés par hasard en plein festival Mozart. Des grappes de chanteurs et musiciens à chaque coin de rue, la ville éclairée magnifiquement, des joueurs d'échec sur le jeu dessiné par terre dans un coin de la place principale, au pied du chateau. C'était magique.

Mais revenons à Flers... Pendant la pause, les techniciens, de nouveau, s'affairent sur scène, installent la piste pour les suivants. Et Yves Jamait apparaît, avec son costume gris et sa casquette de moutard de Dijon. Les morceaux, on les connait par coeur et on les adore. Le plus du concert, c'est la mise en scène. Jamait est tour à tour drôle et émouvant. On chante avec lui, on est pris aussi, par le flot de vibrations. Petite particularité : un serveur vient régulièrement apporter une bière à chaque musicien, fidèles à leurs chansons !

jam05


jam04 jam07 jam06 

Seuls petits bémols à cette superbe soirée : nous pensions que les photos seraient interdites et n'avions donc apporté (au cas où...) qu'un petit appareil limité, alors que nous aurions pu faire des photos magnifiques et en toute tranquillité...  Et puis... les absents ont certes toujours tort, mais on aurait quand même bien aimé qu'ils soient présents.


17 juin 2007

Découpage.

C'est à la fois imprévisible et irrésistible. Ça arrive d'un coup, sans prévenir. Et puis ça s'installe, doucement, sournoisement. Sans vraiment qu'on s'en rende compte, au début. Ça prend possession de votre vie, petit à petit.

Et puis un jour on s'aperçoit que quelque chose ne va pas. Qu'on n'est pas en phase avec soi-même.

Il paraîtrait que les personnes dépressives sont comme coupées d'une moitié d'elles-mêmes. "Je est un autre", disait Rimbaud pour expliquer chez lui le mécanisme de la création : "J'assiste à l'éclosion de ma pensée : je la regarde, je l'écoute...". Dans mon cas il n'est nullement question de création. Pourtant : je me regarde, et je m'écoute, comme si je n'étais pas moi-même ; je suis confortablement installée sur un petit nuage douillet, d'où je me regarde évoluer, en bas, relativement indifférente au sort de cette pauvre petite chose que j'observe se débattre parmi les autres. Parfois je me dis que ce que je suis en train de faire est stupide. Pour autant, ce n'est pas moi qui le fais, mais la chose là, en bas. Je ne me sens pas responsable de cet autre.

La glande responsable de la gestion de la peur ne fait pas son boulot. Résultat : le dépressif a peur de tout, tout le temps. Le jugement est altéré, il fait en fonction de cette peur, qui n'a pas lieu d'être. Tout devient impossible. Noir. La seule protection envisageable est de se couper en deux, et de ne plus ressentir les émotions qui touchent l'autre.

Il paraîtrait également que les gens ayant subis un (ou plusieurs) traumatisme(s) pendant la petite enfance deviendraient, à l'âge adulte, excessivement émotifs et sensibles à certaines choses. Le moindre stress provoque une avalanche d'émotions aussi incontrôlables qu'inappropriées.

Souvent lorsque j'essaie d'expliquer en quoi mon affectif est perturbé, on ne me comprend pas. On pense généralement que je suis insensible et indifférente. Ce qui évidemment n'est pas le cas. Le problème n'est pas le manque d'émotion, mais leur décalage. Mon inconscient est à la recherche de ce qu'aucun contemporain n'est susceptible de m'offrir : la tendresse qui m'a manqué lorsque j'étais enfant. Ce dont j'ai besoin est de l'ordre du passé. Et je n'arrive pas à faire une croix dessus. C'est là l'essentiel du problème. Impossible, dès lors, d'avoir une relation affective équilibrée. Je me sens très rapidement étouffer face à des sentiments qui ne correspondent pas à mon âge affectif mental. Et je ne pense pas, aujourd'hui, que cela puisse changer un jour.

Pour résumer, je reprendrai cette phrase employée par Michel Houellebecq, pour son propre cas, dans son journal "Mourir", et qui me correspond si bien : "Je le sais maintenant : jusqu’à ma mort je resterai un tout petit enfant abandonné, hurlant de peur et de froid, affamé de caresses."


10 juin 2007

Explication de tête.

Souvent je me demande comment la nature peut en arriver à produire des humains au cerveau si torturé. Pourquoi toutes ces pensées négatives, pourquoi toutes ces idées sinueuses ; pourquoi est-ce si compliqué ?

Au départ, pendant l'enfance, il y a une difficulté, une douleur, dont on a pas l'âge d'avoir conscience. Le cerveau échafaude alors une stratégie élaborée, d'une complexité déconcertante, pour tenter de contourner la douleur. Il dresse une barricade, forge une carapace quasi indestructible derrière laquelle se cacher. Et ça marche. Du moins partiellement. La douleur n'arrive plus de plein fouet, elle est atténuée.

Le problème consiste ensuite à détruire la carapace, devenue inutile et envahissante, opressante. C'est là que les choses se corsent.

Bon, dans la théorie, ça paraît simple. Il suffit d'analyser le problème sous tous les angles, d'en comprendre les tenants et aboutissants, de trouver la solution la plus appropriée et d'agir en conséquence. Sauf que... dans la réalité vraie, ça ne marche pas. Ou pas pour tout le monde.

Qu'est-ce qui fait que deux enfants placés dans des conditions et un environnement parental, d'éducation, instruction, etc, parfaitement similaires, réagiront totalement différemment à un même évènement ? Qu'est-ce qui, mécaniquement, dans le cerveau, déclenche ce phénomène ? Stupéfiant la différence de traitement des informations... Qu'est-ce qui fait que pour le même traumatisme, un gamin s'en sortira sans trop de séquelles et pourra mener une existence sereine, et qu'un autre sera complètement anéanti, pouillé, ruiné, laminé, fracassé, handicapé à vie ?

On parle beaucoup de résiliance en ce moment. Alors ? Qu'est-ce qui fait qu'un individu a ou non la capacité de surmonter un traumatisme infantile ?

On a qu'une vie, autant essayer d'en profiter sans s'emmerder à se faire des noeuds au cerveau, à se créer tout seul une tempête sous le crâne et à rabâcher son mal de vivre, porté en bandoulière, à tous ceux qui veulent bien faire l'effort d'y prêter un peu attention.

Bah oui mais voilà moi, j'y arrive pas. Les noeuds sont inextricables et les tempêtes sont devenues des tornades. La réalité me paraît d'une simplicité extrême, et pourtant j'observe mon cerveau droit torturer à loisir le moindre évènement pour le rendre complexe à souhait pendant que mon cerveau gauche passe son temps à essayer de déjouer le sale tour que vient de lui jouer son voisin. C'est épuisant.

Le plus difficile peut-être, c'est cette impression de n'avoir aucune maîtrise, aucun contrôle effectif sur les mécanismes qui régissent le cerveau. Quelques années de psychothérapie peuvent aider à comprendre un certain nombre de schémas, à élucider le pourquoi de certains comportements ; pourtant rien n'y fait, les mêmes comportements se répètent inlassablement.

24 mai 2007

Ecrire ou ne pas écrire...

Telle est la question !

Ca fait une éternité (relative...) que j'écris sur moi, ça m'aide à aplanir un certain nombres d'idées touffues et embrouillées ; mais publier, et donc soumettre à d'autres le contenu de mon cerveau à nu, ou presque, c'est très récent et... c'est une autre histoire.

L'idée de tenter l'expérience m'est venue en lisant d'autres blogs, sur lesquels les gens racontaient leur vie, en rentrant plus ou moins dans leur intimité. Ca m'a pas mal intéressée en fait ; même lorsque je ne connaissais pas la personne autrement que dans le virtuel. Mais ça m'a intéressée précisément parce que ces inconnus me parlaient d'eux, et que ça me sortait de moi...

Là, ce sont donc les autres qui rentrent dans l'intimité que je leur livre. Et qu'est-ce qu'il en ressort exactement ? eh bien précisément pas grand chose...

D'une part on ne va pas forcément au fond des choses quand on ne sait pas exactement à qui on s'adresse, et je n'aime pas rester en surface dans le domaine introspectif. Je n'ai pas non plus vraiment l'habitude de raconter ma vie à tout va, et je ne le ferai pas de la même manière selon mon interlocuteur. Par ailleurs, relater des conneries au jour le jour, comme je m'en étais lancé le défi (et commencé à le faire) ne m'intéresse pas. Donc petite frustration.

D'autre part l'exercice manque cruellement d'un élément essentiel dans le genre : l'échange.

En réalité je ne m'étais (bêtement) pas posé la question de savoir ce que ça pourrait me faire d'apprendre que ces petites choses pouvaient être lues par des personnes que je ne m'attendais pas à avoir comme lecteurs.

Bon, c'est une expérience comme une autre. Et après tout, ne lisent que ceux que ça peut éventuellement intéresser parce qu'ils me connaissent où aimeraient mieux me connaître. Cela dit, les quelques mots un peu trash, notamment d'août dernier où je n'étais manifestement pas très en forme (...), ne me paraissent pas être une carte de visite sensationnelle pour faire ma connaissance. Et surtout, ça me renvoie moi-même dans une espèce de cercle vicieux dont j'ai un mal fou à sortir et qui consiste à essayer de me victimiser pour attirer l'attention.

Bref... je ne suis pas convaincue par l'utilité de la démarche. Mais je changerai peut-être un jour d'avis...

PS sans aucun rapport : c'est vachement bien Yves Jamait !


Publicité
17 février 2007

De l'effet bénéfique de l'habitat provincial.

Ah... la Normandie ! Air iodé, circulation fluide, sourires aux caisses des grandes surfaces...

Comment peut-on encore ne serait-ce qu'imaginer vouloir vivre à Paris ?

J'y ai pourtant passé la plus grande partie de ma vie, à Paris, oui. Si l'on excepte les trois catastrophiques années passées dans le massif central et les deux ans et demi déjà passés ici même, à Ouistreham, il y a sept ans, on peut même dire que j'y ai passé toute ma chienne de vie. Mazette, ça fiche un coup, tout de même...

Bref, laissons là les réminiscences à l'odeur acre, et concentrons-nous sur le nouveau bonheur qui est le mien : vivre à Ouistreham, petite bourgade de     8 759 âmes, quand même, dont la mienne depuis peu, située tout au nord de Caen, au bord de la mer. Ouais...

 

02

 

Maison de 65 m² tout confort, 3 pièces, cuisine, sdd, wc, garage, jardin, proche commerces et bord de mer. PAS A VENDRE ! Au grand désespoir des nombreuses mamies qui me posent la question quand je les croise dans la rue ; non mais.

Mon petit chat Bouchon semble lui aussi s'être accoutumé rapidement à l'atmosphère normande ; mais suis-je bête : il est né à Caen ! et voilà... Bon, il a eu un peu plus de mal à s'habituer aux superbes chatières installées par Didio le super bricolo à la scie sauteuse ; à mon grand désespoir, puisque jusqu'ici, parlant de mon chat, je n'avais de cesse d'en vanter l'intelligence exceptionnelle, voire le génie ! Même un chat, ça vieillit mal. Mes pauvres enfants, où allons-nous...

Bref, sentant que je commence à radoter, je cesse l'élucubration présente ; mais j'y reviendrai, probablement.

 

16 février 2007

Mes débuts dans le cinéma.

-

01


J'ai dit hier que j'attaquerais le sujet, alors voilà : mon nouveau boulot consiste à classer, organiser, numériser, les archives d'un ancien photographe de plateau de cinéma, puis à faire un site Internet dans lequel nous présenterons (évidemment) ses archives les plus intéressantes.

L'intérêt pour moi :

- attrait du sujet,

- horaires auto-déterminés,

- possibilité de travailler chez moi.

Bref... le REVE !

L'intérêt pour mon patron :

- effet revival,

- se refaire une réputation auprès des petits jeunes journalistes qui n'ont jamais entendu parler de lui depuis le temps qu'il se terre au fin fond de son bled à communiquer ses photos par fax...,

- relancer l'activité, donc probablement gagner un peu plus de pépètes,

- profiter de mes incontestables compétences en matière informatique (j'ai l'air de me la jouer, mais comparée à lui dans ce domaine je suis réellement géniale !),

- retrouver le goût de gérer tout ça, grâce à l'effet d'entraînement.

Bref, ... bref.

J'ai commencé au début du mois de février, et ça s'annonce prometteur.

Pour le moment je m'éclate comme une fofolle à informatiser ses listings d'acteurs, de réalisateurs, de films et de personnalités ou évènements divers. Je découvre pas mal de choses intéressantes. Je m'étais bizarrement focalisée sur les films où il avait oeuvré en tant que photographe de plateau, mais en réalité il a fait beaucoup plus de reportages ponctuels sur tout un tas de tournages, c'en est même impressionnant ! Je vois passer une quantité astronomique de noms plus célèbres les uns que les autres : Julien Duvivier, Claude Autant-Lara, Roman Polanski, Robert Enrico, René Allio, Pierre Tchernia, François Truffaut, Jean-Luc Godard, Louis Malle, Henri Verneuil, René Clair... et j'en passe BEAUCOUP.

Je ne pense pas être particulièrement impressionnable ; en tout cas pas par le fait de cotoyer la célébrité, ce qui n'aurait pas tellement de sens... Tout le monde se met subitement à vous connaître intimement, quand vous êtes célèbre, parce que le monde vous a vu à la télé, et si vous-êtes-passé-à-la-télé, c'est-que-vous-êtes-intéressant ; amusant. Ou déprimant, j'hésite.

Bref, je ne suis pas impressionnable... mais tout de même ! c'est assez impressionnant, ce qu'a pu vivre ce photographe tout au long de sa carrière, qui s'est étalée sur presque trente ans à partir du milieu des années 50. Il a rencontré des dinosaures du cinéma, puis les réalisateurs de la Nouvelle Vague. Epoque certainement passionnante, cinématographiquement parlant...

16 février 2007

Légère amélioration prospective de l'espérance de vie.

-

main


Dans le cadre de mon récent changement d'horizons, professionnel et personnel, il m'a paru assez logique d'aller au bout des choses en... arrêtant de fumer !

Pas une mince affaire a priori... mais on y arrive.

En réalité, en partant du principe très simple que tout n'est qu'illusion, l'arrêt du tabac devient étrangement aisé. Le désir de la cigarette dans le bec, le besoin d'avoir quelque chose à triturer entre ses doigts pour se donner une contenance... tout ça n'existe pas réellement. Il est donc facile de s'en passer.

Tout est affaire d'auto-reconditionnement intellectuel. Et, pour une fois, il semble que j'y parvienne assez bien.

15 février 2007

Don't Acte, genèse.

-

babel


Cette année est l'année du changement.

Changement de boulot, changement de région, de domicile... Changement de vie, quoi.

Pour changer, donc, je vais tenter de m'astreindre à quelque chose, à savoir raconter ce qui m'arrive, au jour le jour, à titre d'exercice ; pour voir ce qu'il en ressort... S'il est possible de dire quelque chose de potentiellement intéressant chaque jour.

Je me dis que, peut-être, cette astreinte volontaire me permettra-t-elle de ne pas totalement disjoncter en me repliant sur moi-même ; que peut-être je serai obligée de me sociabiliser davantage, d'ouvrir mon esprit davantage, de m'intéresser davantage, à tout. Peut-être.

Bref, le début du commencement, ce sera de parler de mon nouveau boulot que j'ai.

Mais on verra ça demain, parce que là déjà, je fatigue...

22 août 2006

Destruction programmée.

-

03

The Course of Empire: Destruction - Thomas Cole


Pour qui se sent incapable de vivre parmi les humains, et n'accepte pas le principe de fonctionnement de toute société dite organisée, la situation sera la même partout, en Europe occidentale comme ailleurs : le repli est la condition ultime de la survie ; c'est aussi le point de départ du long processus d'autodestruction.

Se retirer hors du monde, ne plus avoir à subir son influence néfaste. Il faudra, un jour, que je trouve l'énergie pour m'en donner les moyens. La compagnie des hommes est toujours décevante. Certains ont choisi le chien, j'ai choisi le chat. Ça revient au même... question de feeling.

Pour autant, vivre en parfaite autarcie n'est pas supportable à la longue. Il faut garder une surface de sociabilité, ne serait-ce que par nécessité de trouver des témoins à sa propre déchéance, de la voir confirmée à travers d'autres yeux ; se détruire est une manière comme une autre de se sentir exister. Pas la meilleure, certes ; mais comment faire autrement ?

Tout n'est qu'illusion. Comment lutter ? Il faut garder espoir, "à titre d'appât"... ? Espoir en quoi ? L'inadapté sera toujours inadapté. Il n'y a pas d'espoir. Fin de l'histoire.

Et d'où vient-elle, cette volonté délibérée de la société organisée, de brimer ses citoyens ? Quels sont les racines du mal ? Instinct de conservation, au départ ; adoption de croyances communes, fédératrices. Le regroupement permettait de survivre aux agressions de la nature hostile. Aujourd'hui c'est l'homme, le principal ennemi de l'homme. Pas de doutes là-dessus !

Un "lent départ"... En Europe occidentale comme ailleurs, les restrictions imposées ne servent évidemment qu'à éviter à la "société organisée" de ne pas sombrer dans l'anarchie la plus totale. Peu d'individus seraient capables de se passer des règles fixées. La plupart des humains ont besoin d'être dirigés, limités, canalisés, sans quoi leurs pulsions primitives néfastes s'exprimeraient avec davantage de nuisances que ce qu'on peut constater aujourd'hui. Et forcément, la société est organisée en fonction de la masse visible. Ceux qui refusent de se plier au dictat n'ont qu'à s'exiler en Patagonie, ou ailleurs.

Il faudrait pouvoir enfin réaliser l'utopie, jouer les Benassis dans un monde parfait... Imaginer un monde parallèle, où on foutrait définitivement la paix à ceux qui ne se retrouvent pas dans cette société factice, faite de convenances et d'hypocrisie. Rien de neuf sous le soleil dans l'idée, bien sûr...

Je trouve fascinant que certains n'aient pas renoncé à décrire l'état de la société. Ca me paraît à la fois tellement utile et tellement dérisoire. J'en serais incapable, persuadée de la vanité de l'entreprise ; je crois avoir toujours, miraculeusement, la capacité de m'indigner d'un certain nombre de choses, mais je m'indigne en silence... et me contente d'imaginer un monde meilleur, consciente qu'il n'existera jamais. Décalage funeste... J'assiste en silence, lucide et impuissante, telle la petite bouteille à la mer moyenne, dérivant au gré des courants, à mon irrémédiable processus d'autodestruction, entamé depuis déjà fort longtemps et causé par la déchéance progressive de l'ensemble de notre environnement à tous - bien que certains individus y soient manifestement moins sensibles que d'autres...

L'utopie restant à sa place d'utopie, quelle solution subsiste, à part la Patagonie, pour ceux qui ne veulent ou ne savent pas s'intégrer ? Le repli ? La "limitation de la surface d'échanges" (très belle formule !) ? J'en suis arrivée aussi à cette conclusion, pour autant elle est loin d'être satisfaisante... Seule possibilité de survie, soit, mais quelle possibilité de vie ?

Heureusement des compensations existent. Elles sont rares. La cigarette et l'alcool par exemple, inventés pour permettre à ceux qui le souhaitent d'accélérer leur processus d'autodestruction. Ca permet de faire un peu de place pour les autres, selon les bonnes vieilles lois de la nature, et pourtant, bizarrement, on tend effectivement aujourd'hui à vouloir empêcher l'individu de s'autodétruire ! Quel manque de logique... On va bientôt en arriver à la privation quasi totale de liberté. Libre arbitre et liberté individuelle ne sont que de belles illusions, certes ; mais on pourrait au moins nous laisser nos illusions ! Décidément, rien ne nous sera épargné...

 

Publicité
1 2 > >>
Don't Acte
Publicité
Publicité